EMPREINTES

Cartophotographies_CelineBoyer

La série Empreintes a débuté comme une recherche sur mes origines familiales. De mon arrière grand-père, je ne connaissais que quelques photos et une carte d’identité. Mon père me raconta alors comment son grand-père, Nicolas, soldat russe venu des monts Oural, était arrivé en France pendant la première guerre mondiale. La révolution d’Octobre l’empêcha de retourner dans son pays. Fière de mes origines russes, j’eus l’idée de déposer la carte des monts Oural sur ma main, puis sur la main de mon père. Étonnée par la force évocatrice de ces cartophotographies, j’ai ensuite élargi le cercle des personnes photographiées à des amis, puis à des personnes inconnues : le projet Empreintes était né. Grâce à ce projet, j’ai pu rencontrer une centaine de personnes installées en France récemment ou depuis longtemps, ou encore nées de parents ou de grands-parents issus du monde entier. La richesse de ce travail est celle de parcours individuels qui, mêlés, composent l’histoire de tous. Ces témoignages nous emmènent dans des régions, des villes de France riches d’hommes et de femmes qui ont quitté leur terre. Aujourd’hui, eux-mêmes, leurs enfants ou petits enfants retracent leur voyage qui, le plus souvent, a été une part d’Histoire. Chaque photographie est consacré à un seul témoin : d’un côté sa main et la carte qui figure le pays d’où il vient ; en dessous le récit de ses origines, rédigé par ses soins. Chaque carte est lue à la première personne et chaque main est unique, empreinte d’une personne plus que d’une communauté. La représentation cartographique de la terre d’origine vient se projeter sur ces lignes de vie, combinée à des récits de souvenirs, de peurs ou d’espoirs. Villes, mers, fleuves, routes et frontières sont ainsi représentés comme autant de chemins de vie. L’ensemble des trajectoires personnelles rassemblées par Empreintes dresse le portrait collectif d’une France, terre d’accueil du monde entier. Cette série de « portraits » est devenue un microcosme de notre société : les migrations sont bien au cœur de ce que nous sommes, de nos identités multiples et plurielles.Vous retrouvez ces carto-photographies dans le livre « Empreintes », publié aux Éditions Parenthèses.

Empreintes