Jeux de mains
Dix huit photos de mains de Belfortains de toutes ethnies sont exposées jusqu’au 24 juin au centre culturel Belfort Nord.
Un reflet de la diversité culturelle de la ville.
Céline Boyer avait déjà exposé au centre culturel et social de Belfort Nord. C’était du 17 octobre au 26 novembre 2010. L’artiste photographe et graphiste de Besançon présentait des clichés de mains ouvertes de 38 personnes âgés de 10 à 68 ans. Avec au creux de la paume un espace où se dessinaient les contours des régions d’origine de leurs propriétaires. Les clichés sont accompagnés de texte où chaque personne livre ses confidences sur ses origines, ses racines, sa culture et parfois quelques anecdotes.
« Empreintes », tel était le nom de cette exposition, reflétait la diversité culturelle et ethnique de notre pays. « Elle rappelle aussi », indique Mlle Boyer, « que chacun de nous est héritier d’une ou plusieurs cultures. Et notre corps garde la mémoire de notre appartenance aux terres de nos origines et de l’histoire de notre culture ». Céline Boyer l’a compris lorsqu’elle a découvert ses origines. « Mon arrière grand père était un immigré russe », explique-t-elle. « Il faisait partie de l’Armée blanche du tsar lorsqu’il est arrivé en France en pleine première guerre mondiale. Avec la Révolution d’octobre, il n’est jamais reparti ».
Collectif de Belfortains
Céline Boyer était fière de son travail mais souhaitait le poursuivre. Une rencontre avec Myriam Dafri lui en a donné l’occasion. Depuis longtemps, la directrice du centre culturel et social Belfort Nord cherchait un moyen de développer un projet autour des identités plurielles des quartiers belfortains. L’idée est donc lancée de créer « un collectif de Belfortains », désireux de livrer un tour d’horizon des mouvements migratoires parfois choisis, parfois subis et marqueurs d’identités « singulières ». Elle s’est concrétisée avec une collaboration entre les centres culturels et sociaux Belfort Nord et Barres et Mont ainsi
qu’avec la maison de quartier Jean Jaurès. En mars, Céline Boyer rencontre cinq personnes dans les quartiers Jean Jaurès et du Mont et huit à Dardel. Des personnes de 6 à 67 ans natifs d’Italie, du Pérou, du Vietnam, d’Algérie, du Canada, de Serbie, de Moldavie, d’Inde, de Madagascar, du Mexique, de Tunisie et du Maroc. « Les textes qui sont joints à leur main sont le fruit d’entretiens », ajoute-t-elle. « Parfois, ils ont raconté eux-mêmes
un bout de leur trajectoire de vie. Je suis contente du résultat final ». À tel point que Céline
Boyer poursuit sa collection de main à Melle, près de Poitiers. Elle espère un jour éditer un ouvrage sur ses rencontres.
Pascal CHEVILLOT